SWISS JURA NATURE TRAIL 2 X 100km

1ère Etape : Samedi 2 juillet La Chaux-de-Fonds-Delémont 100 km

Données récoltées sur ma montre POLAR à l’arrivée :
Distance: 103.78 km,
Dénivellation positive: 1565 m,
Dénivellation négative: 2175 m
Altitude minimum: 422 m,
Altitude maximum :1180 m

Départ 6h du matin, La Chaux-de-Fonds

Arrivé à 5h30 au départ devant le restaurant des Combettes, vu le froid matinal ambiant on reste dans les petits bus qui nous ont transporté depuis le centre scolaire où nous avons dormi. Il ne fait guère plus de 5 degrés. A 6 heures, le départ est donné. On part en légère montée et un petit groupe de 4 se forme après 2 km jusqu’au début de la descente, vers la Ferme Modèle au 10ème km environ.

Les premières lueurs du jour réservent des surprises : On a surpris 2 amoureux dans une voiture au bord de la route et un blaireau qui traverse le chemin et dévale la pente, ça fait sûrement plusieurs blaireaux…de différentes espèces.

La descente assez technique jusqu’au bord du Doubs profite à Andreas Ostertag qui prend le large. Ensuite, Urs Glogger et Stephan Frank m’accompagne. A chacun son tour de mener. Après le barrage du Châtelot, Urs a passé devant moi et Frank me suit. Sur la route avant Biaufond, Urs met des gaz. Je ne vois plus Frank derrière, qui lâchera progressivement. Cet hiver, il m’a battu aux 50 km de Rodgau et a fait un 2ème bon chrono sur 50 km en 3h27 sauf erreur. Je pense donc qu’il en garde sous la semelle. Pour ma part, je ne réponds pas aux petites accélérations de Urs. C’est encore long et la première descente m’a donné mal au dos. Cela passera progressivement jusqu’à ce qu’on ait que du plat, entre Biaufond et Goumois, aux alentours du km 45.


Ravitaillement de Biaufond, km 33

A la sortie de forêt, peu avant Goumois, je reviens sur Urs. Il me demande si c’est normal de déjà sentir ses jambes. On a déjà 50 km dans les jambes, alors oui c’est normal qu’on sente déjà une petite fatigue mais je ne sais pas quel est le degré de fatigue qu’il remarque. Avec son camelbak, il a besoin d’une minute supplémentaire pour faire le plein lors des ravitaillements. Il a déjà 2 fois fait l’effort de boucher le trou sur moi, en 2 km, donc il fournit un effort supplémentaire. A la longue, ces accélérations usent et on finit par le payer. Il remet en effet la compresse pour me rattraper après Goumois. Je cours à nouveau 1 à 1 min30 derrière lui, car il poursuit chaque fois son effort.


Arrivée à Goumois, ravitaillement du 51ème km.

Environ 4 km avant Soubey, je le rattrape et il ne suit pas longtemps mon rythme. Je repars du ravitaillement de Soubey (km 65) alors qu’il arrive. Je le verrai encore 4 km plus loin, dans un champ, à 2 minutes derrière. Là, on change de rive avec la traversée du Doubs à l’aide d’un pont. Je rattrape Julia mon épouse et sa maman, Helga. Elles courent, marchent les 50 km. Un bisou au passage me dope moralement. Je rattrape aussi Klaus Neumann, un Transeuropéen de 2009. Plus loin, je chute le long d’un étroit sentier et tape le genou gauche contre un caillou. Un bon juron en allemand m’échappe, mais plus de peur que de mal. La douleur disparaît au bout de 5 minutes. A St-Ursanne, petite montée bien raide avec des escaliers, puis longue montée et redescente pour traverser la route des Rangiers et finir notre ascension jusqu’à La Caquerelle, par les pâturages. Le paysage est changeant, avec le beau temps et la fraîcheur, c’est vraiment l’idéal de courir et c’est une magnifique carte de visite pour ces paysages jurassiens. Depuis Goumois, je ne connais plus le parcours jusqu’à l’arrivée, même si j’ai déjà passé une fois ou l’autre dans ces parrages, mais avec des itinéraires qui ont croisé ce parcours du swiss jura nature trail. On monte encore un peu jusque vers les Rangiers et la fin se fait sentir. Il reste 13 km depuis le dernier ravitaillement. Un haut plateau et puis la longue descente jusqu’à Delémont. Je me retourne quelques fois mais aucun coureur du 100 km ne me suit.


Ravitaillement de Goumois, au bord du Doubs

Depuis St-Ursanne, je sais que je suis 1er. Où est passé Andreas ? Je me dit qu’il a dû se tromper, ne l’ayant pas dépassé ? Le soir, je lui demande s’il s’est trompé mais il me dit qu’il s’est un peu reposé à Goumois, qu’il m’a vu passer. Michaël Misteli, qui finit 3ème, lui a proposé de finir avec lui depuis St-Ursanne, mais semble-t-il, il en avait marre et a fini à son rythme. Urs finit 2ème 37 minutes derrière moi. Il finit éprouvé, le visage blanc comme un linge. J’espère n’avoir pas trop donné pour assurer demain ma première place au général. Le mollet gauche est dur et le massage n’y pourra rien. Excellent souper, copieux. Je suis content de mon 1er jour.

2ème Etape : Dimanche 3 juillet Delémont-La Chaux-de-Fonds 100 km

Données récoltées sur ma montre POLAR à l’arrivée :
Distance: 98.18 km,
Dénivellation positive: 2360 m,
Dénivellation négative:1785 m
Altitude minimum: 422 m,
Altitude maximum: 1277

Lorsqu’on additionne les dénivellés positifs et négatifs, on obtient une différence de 35 m. Le départ à La Chaux-de-Fonds étant situé ailleurs qu’à l’arrivée, et probablement un peu plus haut, on constate donc que la mesure de la dénivellation joue bien par la montre Polar.

1565+2360=3925 Total montée
2175+1785=3960 Total descente

Arrivée le samedi à Delémont, 1er
Dimanche matin à 6h au départ, dans le parc du Château de Delémont, il fait moins froid qu’ hier. Jean-Claude Donzallaz part en tête, il tiendra environ 20 km 1 à 2 minutes devant Michaël Misteli.

Je suis en 3ème position depuis le km 4 où Michaël me lâche dans une montée. Mon mollet droit est vraiment dur, donc je suis mon rythme sans lui donner d’à coup. Le chemin est encore long, je ne m’affole pas et j’essaie de me raisonner aussi avec l’heure d’avance que j’ai sur Michaël. Donc, je cours sans trop faire monter les pulsations, en ayant la sensation de pouvoir être régulier jusqu’à l’arrivée. Je le rattrape une première fois peu après le 1er ravitaillement à Glovelier, suite à un arrêt wc. Il me rattrape 1 km plus loin au départ des gorges du Tabeillon. On rattrape à tour de rôle Jean-Claude.

Le chemin est parsemé de cailloux assez tranchants sur une assez longue portion. Mes pieds enflammés sous le devant souffrent sur ce passage. Puis on arrive à la fin des gorges et on court ensuite à travers les pâturages. On passe du frais et de l’ombre des gorges au plein soleil mais heureusement avec une chaleur supportable, grâce à un peu de bise. Après environ 25 km, je ne ressens plus mon mollet, il est de nouveau assez souple. Il lui a fallut un long échauffement…

Au ravitaillement du km 32, je rattrape Michaël. Le parcours serpente dans les Franches-Montagnes, avec des tronçons de pâturage, chemin, petite route. On voit les éoliennes du Mont-Crosin tout près mais on va faire de nombreux détours avant d’arriver aux Breuleux, 18 km plus loin. On court ensemble, on discute un peu, on s’attend 1 ou 2 secondes au passage des clédarts. Je ne tiens pas non-plus à faire un effort pour me retrouver seul dès maintenant.

Depuis le km 16, je mange en alternance gel et barre énergétique. J’ai faim et ai besoin d’énergie continuellement. Une barre dure environ 30 à 40 minutes jusqu’à ce que je l’aie mangé. A chaque ravitaillement, une gourde de 7.5 dl m’attend, soit avec du sirop de menthe ou du coca. Ainsi, je ne perds pas trop de temps, buvant rapidement 3 à 4 gobelets de thé ou d’isotonique. Peu avant Les Breuleux, je risque me tromper, mais sur une grosse inattention de ma part. Je vois bien la flèche du Swiss Jura Nature Trail mais je pars à l’opposé, alors que l’on voit Les Breuleux à vue et que je sais qu’on passe là-bas. Michaël, 50 m derrière me rappelle.

Dès Les Breuleux, je cours avec 2 gourdes pleines. On est en pleine journée, il fait quand même plus chaud en plein soleil, même si ça reste une température agréable pour courir, mais je suis un gros buveur. Dans la montée qui suit, Michaël lâche un peu et me suit ensuite à 1-2 minutes jusqu’au ravitaillement suivant, au km 62, à L’Assesseur. Dans les champs au-dessus de Renan, je le pointe derrière moi à 4 minutes environ grâce à une boucle dans les champs en montée. Je ne le verrai ensuite plus jusqu’à l’arrivée.

Je fournis un bel effort pour la montée très raide dans la forêt, qui nous mène ensuite aux Pontins. J’ai un rythme un peu plus soutenu qu’en début d’étape, je désire faire un peu le trou sur mes poursuivants. Je rattrape à présent des coureurs du 50 km, une bonne quinzaine depuis les 4 Bornes jusqu’aux Convers. Ils sont souvent par groupe de 2. Il y a pas mal de tronçons de route jusqu’à l’arrivée avec de rares passages en forêt ou sur pâturage. J’ai tellement absorbé de calories jusqu’aux Pontins que je ne fais plus que de boire ensuite jusqu’à l’arrivée pour les 25 derniers kilomètres, sans connaître de baisse de régime, ni de fringale ou hypoglycémie.

Si le premier jour, on a eu peu de passage de clédart vu qu’on courait surtout sur sentier et chemin le long du Doubs, le deuxième jour, avec de nombreux pâturages à traverser, je pense qu’on en a bien passé minimum une cinquantaine. Certains, je n’arrivais pas à les ouvrir, donc je passais par-dessus. On perd à chaque fois un peu de temps. Quelques fois, j’ai passé sous des fils car il n’y avait pas de clédarts. Ces passages nous font bien perdre à chaque fois 20 secondes en moyenne, donc environ 15 à 20 min en tout.

Belle course, surtout avec une météo si favorable, c’est une excellente propagande pour le Jura en général. Le plaisir a vraiment été total. J’estime avoir fourni une bonne prestation, je suis content de moi, même si la concurrence n’a tenu chaque jour que 65 km environ. J’ai été régulier du début jusqu’à la fin, en répartissant mon effort intelligemment, de manière à tenir mon rythme sans casser sur la fin. Une course de 2 x 100 km, on pourrait presque dire qu’il faut la gérer un peu comme un 24 h, donc partir le premier jour en ayant dans la tête qu’il y a 200 km et non 2 x 100. Car souvent les problèmes commencent autour des 100 km ou des 12 h pour un 24h. Et les kms restants semblent ensuite 2 fois plus longs. Il faut gérer. Nos longues sorties de 10 heures durant lesquelles nous discutons avec ma femme Julia m’ont aidées à trouver le rythme. On part en se disant que c’est un rythme facile mais après quelques heures, on remarque que c’est une zone de confort qui se transforme petit à petit en un rythme que l’on est content de pouvoir encore tenir. Pour maintenir ce tempo sans fringale, il faut manger assez tôt, avant qu’une vraie impression de faim survienne. J’ai parfois la sensation que je me gave car manger durant l’effort est contraire à mon envie, mais je me force par expérience.

Arrivée du samedi à Delémont, j’aurai une petite interview de Canal Alpha.

Pas de photos à l’arrivée de La Chaux-de-Fonds mais j’ai aussi levé les bras, encore plus content que le jour précédent, 1er à nouveau en 10h21.07


photo site internet radio RTN RJB http://rtn.ch/rtn/Actualite/Sportive/030711christian-fatton-grand-vainqueur-du-swiss-jura-nature-trail.html