Sans pouvoir gambader dans les prés

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Sans pouvoir gambader dans les prés

Par dépit, sans lit, jaune les morts rient
à sucer les racines des pissenlits jaunes et des morilles
Oui, le cimetière dans l’enceinte de ses murs murmure
On tend l’oreille pour comprendre que c’est triste,
hors lit le dimanche, avec ou sans bécot*
de rester couché, sans pouvoir gambader dans les prés
La terre les atterre, décharnés, au repos forcé
Si les morilles sont si grandes, qu’elles se muent en offrande
Si les pissenlits sèment leurs graines aux 4 vents
c’est que les morts soufflent ou pètent
dans le pied creux des morilles pour les gonfler,
dans la tige creuse des pissenlits pour les éparpiller
selon qu’ils sont enterrés sur le dos ou sur le ventre
Je me sens mis de côté, pourtant vivant
La nature mon antre, se ferme à moi son chantre
Le prix m’est trop élevé pour gambader dans les prés
Qui suis-je sinon un mort-vivant ?

Christian Fatton, 18-20 mai 2023
(*C’est triste Orly le dimanche, avec ou sans Bécaud. Jacques Brel)



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