La montagne fuit

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La montagne fuit

Dans le ciel dégagé et si haut
On voit dans sa clarté les oiseaux
Mais aujourd’hui assoupi au sol
Le ciel pleure, comme lui on se désole

Si bas le ciel terne se liquéfie
Les pépins protègent la tête des filles
Seules graines de soleil multicolores
Qui sous la pluie se déploient en flore

Les cimes tronquées par le brouillard dense
Jouent aux quilles roulant dans la pente abrupte
Ses roches qui balaient tout en vraies brutes
Les eaux dans ce grand tumulte, dansent

De toutes parts les eaux boueuses dévalent
Grossissent le ruz qui cette soupe avale
La montagne fâchée s’enfuit en plaine
Quittant climat et relief rude sans peine

Elle s’étale sauvage prenant ses aises
Squattant l’espace des gravats de falaises
Choqué, l’Homme en fait toute une montagne
De la voir rogner villes et campagnes

Des eaux lâchées, naît une montagnette
L’Homme à coup de trax fera place nette
Les ouvrages que l’homme bétonnera
En montagne ne sont que sparadrap

La nature pose souvent comme modèle
Mais l’homme n’admet pas qu’elle remodèle
Ses plis froissés, bornés, mesurés
Mais seul l’Homme peut-être aussi carré

Christian Fatton
Août-septembre 2017



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