Les morilles

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Les morilles, de nuit
Au printemps c’est inné, j’en rêve
De jour si je n’en trouve, j’en crève
Sans cueillette, pas de mornille *1

La morille
Dans les sous-bois, je la traque
Les gifles des branches me matraquent
J’ai l’âme en vrille

Qu’elles soient rondes, blondes ou grises, elles me grisent
Comme les brunes, noires, pointues mycorhizes
Si la récolte est jubilatoire
Bredouille ou joyeux, c’est aléatoire

Au ralenti, les yeux sous la canne fouillent
L’humus, la mousse et l’herbe tendre
Les entendre pousser, je peux prétendre
Où sont tes coins ? Par là… que je bafouille !

Les morilles par chez nous se comptent
Des morilleurs,  par centaines, par milliers
Certains mentent tant à en faire des contes
Entre nous, on en rigole, familier

La morille
Si tu ne la sèches
Que tu l’avales fraîche
La mort rit !

Elle te fait passer
Maligne à chasser
Les morilles en appâts
De vie à trépas

Se délectent les morilles en sauce
Séchées et dans la crème trempées
Ta douce chérie ne s’est point trompée
De te mijoter un plat que tu exauces

La soirée comme l’heureuse cueillette
S’avère plus que prometteuse
Tu récoltes ta part de galipettes
La morille amenant aux joies goûteuses

Christian Fatton, avril-mai 2017
*1 argent (des sorciers dans Harry Potter)



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