L'Areuse figée

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L’Areuse figée

Je ne vais pas perdre de temps, dès lors
Qu’il fait très froid, dehors
Où j’essaie de ne pas me fondre
Dans la famille des glaçons, à se morfondre
D’être toujours transparents
Droits comme des i jamais déparant
Tentant avec ce froid polaire de me conserver
Voyant que je suis là à observer
En témoin de ce mariage improbable
Entre l’eau douce et le froid irresponsable
Qui laisse tomber ses enfants, les glaçons
Dès les beaux jours du printemps de retour
Glaçons liquéfiés d’être livrés aux poissons
Frayant, leur mère prise de chaleur et d’atours
Mais pour l’instant ce grand froid retord
Par amour mon visage et la rivière mord
Seule la rivière est d’amour pétrifiée
Elle, qui renonce au nomadisme glorifié
Elle se laisse saisir par le froid qui l’enlace
De cette mêlée résulte une rivière de glace
Ce grand amour rend la rivière sédentaire
Elle renonce d’aller au lac, à la mer
Immobile on peut croire la rivière désoeuvrée
Mais elle se pare de rosaces de fleurs givrées
Docile, elle a supporté mes pas, l’Areuse
Qui gelée, cesse plus bas d’aller faire sa curieuse
Je ne vais pas perdre de temps, dès lors
Qu’il fait très froid, dehors
Je rentre au chaud, transi des mêmes états-d’âme
De l’Areuse, qui en chante toute une gamme
 

Christian Fatton

Noiraigue, 25 janvier 2017



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