Du Tour de France, j'ai ramené

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Du Tour de France, j’ai ramené

Du Tour de France
J’ai ramené des habits élimés
De boissons tachés
De sueur imprégné
De soleil délavé
Me détachant des coureurs formatés
Des courses expédiées à la journée

Du Tour de France
J’ai ramené ma peau tannée
Par endroit irritée
Des insectes tatouées
Les veines en surfaces déployées
En opposition à celle que j’ai
Blanche quant au travail employé

Du Tour de France
J’ai ramené des photos pour fixer
Mes souvenirs éparpillés
De bonne humeur irradiés
De lieux à revisités
De sourires infestés
Pour me refaire voyager
Dans les méandres des amitiés

Du Tour de France
J’ai ramené des tendons enflammés
Des contractures en facture d’excès
Des muscles par l’effort échaudés
Un sacrum fissuré
Qui se sont sur le tracé convoité
Fendus en quatre pour l’honorer

Du Tour de France
J’ai sous mes chaussures essoufflées
Ramené du goudron et du gravier
Pour de la brèche colmater
Le manque d’air et de liberté
D’effort et d’amitié
Au travail retrouvé

Du Tour de France
J'ai ramené des regards gais
Complices de nous ravitaillés
Des encouragements motivés
Pour qu’on chemine enjoué
Des félicitations à satiété
Pour compenser nos poids égouttés

Du Tour de France
J’ai ramené des rimes en « é »
Des pensées rythmées
Des bribes défoulées
En l’honneur de toutes mes foulées
Qui pour vaincre le pari se sont emboîtées
Mon rêve semellé de réalité

Du Tour de France
J’ai ramené aucun regret
D’entendre quelques quolibets
Sur mes blessures avouées
J’en ai été vacciné
Par six semaines d’ambiance archivées
Par la fierté d’avoir terminé

Au Tour de France
Nous étions les aventuriers
De l’amitié et de l’adversité
Qui nous poussaient dans l’effort, obstinés
J’ai ramené une envie intacte de repartir
Dans un effort balisé de sourires
A cette chance de délivrance
S’assujettit la probable souffrance
 

Christian Fatton,  du 10 août au 2 septembre 2015



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