La Fée Verte (pendant la prohibition)

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La Fée Verte (pendant la prohibition)

En parlant d’elle
N’en chuchote qu’aux amis fidèles.
Elle se veut mystérieuse
Et te promet des tablées rieuses.
Sa robe tissée de plantes sauvageonnes ?
Voile enchanteur qui te pigeonne !
Est-ce son teint jaune ou transparent
Qui te rend soudain tremblotant ?
Secrètement liquéfiée en la moindre topette,
Voilà magiquement un authentique trophée !
Car de drôles de sorciers guettent
Tout effluve parfumé pour l’agrafer…
Fée verte
En robe blanche
En robe jaune
D’essences saintes
Ah, sainte absinthe !
Tu me troubles
La Bleue.
Toujours prisonnière
Des robes noires,
Jusqu’en ta litière
Tu es traquée des bleus.
Tu en faisais voir rouge
Avec ta robe verte,
Des bougres !
Tu apparais
Offerte
Histoire d’arc-en-ciel
Et disparais.
Mais tu es alerte
Pour enfiler les ans
Qui toujours tissent
Ta robe subreptice…

Christian Fatton, Noiraigue, décembre 1996



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