Au combientième?

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Au 10ème
On se demande ce qu'on fait là
et l'allure est un jeu enveloppé de bla-bla.
On prend modèle sur son Papa.

Au 20ème
On commence d'être dans la course
avec l'allure musclée d'un jeune ours.
La maman inquiète des trajectoires "off course".

Au 30ème
On extrapole ses pronostics,
l'allure sûre pour un résultat mystique.
Qu'est-ce qui pourrait enrayer cette mécanique ?

Au 40ème
Proche de l'euphorie
on croit invincible ses poumons, sa pompe, ses quilles
et on force le destin de sa vie.

Au 50ème
On se dit : la première moitié derrière,
fois deux et on aura franchi une barrière.
Pour réussir la seconde, les pensées se font prières.

Au 60ème
Comme il est bon d'être encouragé !
Il ne faut pas se laisser aller.
On commence plus à s'écouter.

Au 70ème
Brassage de forme et concurrents,
certains qu'on n'attendait pas passent devant.
Attention, cela peut-être déroutant !

Au 80ème
On se croit presque au but,
on minimise les douleurs à l'occiput
et l'on peine à gravir les buttes…

Au 90ème
On est toujours là,
cassé de partout à faire des petits pas,
à biberonner de l'énergie dans le coca.

Dès le 100ème
Transformé en automate qui suit sa cadence,
à chaque unité passée s'allonge la chance.
Le dernier pas clora cette transhumance.

Au combientième devient-on coi ?
A 120 ou 130…quoi ?
Confondus et ou mélangés,
je parle des kilomètres et des années ! :
La course étant une drôle de vie
et la vie de drôles de courses s'habille…

J'en suis au 40ème aujourd'hui,
choyé de votre bonne compagnie,
Vous, mes ravitailleurs d'amitié.
Et c'est du pain béni, l'Amitié.

 

Christian Fatton
Noiraigue, le 18 novembre 1999



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