Vide, non pas vidé

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Je suis vide
non pas vidé
car l'accent aigu
est déjà trop lourd à porter.
Non vide, totalement vide
et ma course est un bide.

Je suis une ruine
que déserteraient même les fouines.
Je n'ai plus de vie
même pas celle d'être hanté,
c'est trop dur à imaginer:
ruine d'avoir trop couru, j'expie.

Je me dis j'ai moins de chance
que les alcooliques - les drogués
qu'on tente d'arracher à l'accoutumance.
L'endurance fait des drogués à la volonté,
courir devient une vie alibi
l'endurance est ma perte et mon sursis.

Ma souffrance n'est pas de peiner
mais d'être le serf de ma volonté.
Je suis l'épave qui nourrit cette science,
une épave échouée dans ma transhumance.
Je souffre de voir l'horloge qui tourne,
mais rien d'atteindre l'arrivée ne me détourne.

Les blessés enragent d'abandonner,
les derniers suent aux heures supplémentaires.
Je pense à eux et bien que vanné,
face à leur longue errance me taire.
Je piétine dans mes idées confuses,
vanné, d'arrêter ou de continuer je m'accuse.

Je suis vide,
non pas vidé,
car l'accent aigu
est déjà trop lourd à porter.
Non vide, totalement vide
et réfléchir devient un bide.

Christian Fatton
Noiraigue, le 26.11.2000



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