Noiraigue-Lucerne et Tour du Lac des 4 Cantons en 7 jours, du Vendredi Saint 2 avril au jeudi 8 avril 2021

Vendredi Saint 2 avril 21 : 71.06 km 9h54, 372 m d’ascension, 557 m de descente.

Nous partons vers 8h20 du matin de chez nous. Mon mollet gauche m’a fait souffrir fortement de samedi soir à mardi soir, un peu mercredi et je n’ai rien senti hier. Une grosse contracture attrapée après 3h30 de course samedi, lors d’une sortie de 6 h à fond. 66,52 km, pour moi, 67.04 pour Julia, j’étais content de faire 4.5 km de mieux qu’à fin décembre. Mais le mollet était dur à péter. Cela m’a fait peur durant la course. 3 jours de suite, 2 heures d’électrostimulation avec des programmes pour activer le sang et relâcher la zone tendue. Cela a porté ses fruits, en complément d’apport de magnésium, potassium et sodium pour éviter les crampes, très fortes et douloureuses samedi soir. J’avais donc souci d’entamer notre sortie prévue pour les vacances, avec une première étape de 71 km. Le mollet a tenu. Je vois la suite de notre périple en étant plus serein.

Au niveau du ravito, j’ai mangé 1 sandwich jambon cru-fromage de St-Blaise à La Téne après une trentaine de km et 1 barre proteinée Sponser à Lüscherz à environ 44 km. Je suis parti avec 2 gourdes vides, sinon qu’elles avaient du sirop au fond. Je rempli la première après une dizaine de km, en profitant de boire aussi sur place. Je rempli mes 2 gourdes après une trentaine de km, ayant bu celle remplie au 10ème km. Cela m’a permis de courir sans être trop chargé. Mais à présent, il commence à faire chaud et je ne sais pas très bien où seront les prochaines fontaines d’eau potable.

Nous faisons un arrêt pour acheter 1.5 l de thé froid à Lüscherz, au 44ème km. Je dois boire presque 1 litre sur place, car je n’ai qu’une gourde vide. Ce Denner nous a souvent ravitaillé lorsque nous nous entraînons autour du lac de Bienne. Il est rarement fermé… et idéalement placé. Nous recevons une bière à Spin après Aarberg d’un jeune trentenaire très sympa et généreux. En effet, nous le voyons sortir d’un garage avec plusieurs bières à la main, je fais une petite moue d’envie au moment où nos regards se croisent, le gars est vif d’esprit, car il comprend très bien que ça nous fait envie. On se met à discuter et il nous en propose chacun une. Vraiment sympa. On a bien ri.

L’hôtel où nous dormons ne fait pas de cuisine, pour des raisons de Covid et manque de client. Nous mangeons une pizza ai funghi e prosciutto de l’hôtel Löwen qui les vend en take away. Une bière nous désaltère agréablement, achetée à une station essence Volg, avec une banane et une pomme et un joghurt myrtilles pour accompagner le souper et s’offrir un dessert et avoir nos calories.

Un gros coup de soleil sur la nuque et entre le haut de la chaussette de compression et l’arrière du genou colore ma peau. Je me fais avoir chaque année, dès que le premier soleil chauffe un peu. Mon mollet gauche n’est pas trop douloureux mais j’ai ressenti quelques tensions peu après Lüscherz et de nouveau après l’arrêt souper-pizza. Avec le Covid, il n’y a que 1 ou 2 take away ouvert dans ce village, ou la station essence pour acheter quelque chose à manger. Heureusement, la pizza est assez bonne… mais pas exceptionnelle non-plus. Nous sommes les seuls, sur cette terrasse du Löwen. Au moins la pizza est encore un peu chaude.

En cours de route, nous avons discuté avec un photographe à la vieille Thielle, et avant Erlach avec une nana qui recule pour dialoguer alors que nous avançons… alors exprès en marchant. Elle est assez rigolote cette femme qui nous félicite pour l’étape prévue (environ 40 km à Erlach, 44 Lüscherz, 52 Hagneck fin village, 57 Aarberg) Quelques fois en direction de Schüpfen depuis Aarberg, je demande la bonne direction ou alors je consulte vite l’application Schweizmobil si personne ne se trouve aux carrefours. Cela prend moins de temps de demander que de sortir le portable et d’ouvrir Suissemobile. Énormément de monde à pied, à vélo et en train de pique-niquer aujourd’hui.

Lauriane, ma fille, me téléphone pour un problème de valve à son monocycle entre Hagneck et Aarberg (km 53.5). J’en profite pour marcher un peu… les genoux commencent à grincer. Probablement le poids du sac, qui m’alourdit à peine trop pour les articulations déjà bien limite.

Arrivé à l’hôtel, je me rappelais le no du code pour ouvrir une boîte contenant la clé de l’hôtel. Julia est épatée car j’ai ce code dans la tête depuis le téléphone de l’aubergiste, 2 jours avant.

J’ai fait la connaissance en courant d’un personnage illustre avec beaucoup de responsabilités entre le camping de Colombier et Neuchâtel. Je l’ai abordé car il portait le t-shirt du Swisspeaks 2018, gris. Je l’ai tutoyé d’entrée en disant qu’entre coureur ultra marathonien, on se tutoye. Ce n’est qu’après 3-4 km que j’ai su qui c’était car j’ai dit que j’avais écrit plusieurs livres dont le dernier sur la course à pied « Courir à perdre la raison » où je parlais de différentes choses qu’on avait parlé. Ce coureur encore à ses débuts en ultra mais avec tout de même 2 Swisspeaks 170 à son actif!!! En 4 ans de course depuis ses débuts, il commence assez fort !!!

Ensuite pour les 2 derniers kms avant le port d’Hauterive, discussion en courant avec un groupe venant de Payerne, qui ont fait la boucle de la verticale d’Hauterive qui monte à Chaumont, et sentier des poules pour en redescendre à Neuchâtel. Arrêt de 15 minutes au port où ils s’arrêtent et là, surprise nous connaissons bien un membre de ce groupe, Richard.

Julia trainait un peu entre Colombier et Neuchâtel quand je discutais avec l’ultra marathonien.

Ensuite nous étions en concordance de rythme jusqu’à Lüscherz. Ensuite c’est moi qui ai commencé à trainer un peu car des douleurs au genou gauche spécialement m’empêchaient de maintenir le rythme. Nous marchons un peu dans les dernières montées, la fatigue des 6 heures étant encore présente dans nos organismes. Du 9 km/h du début nous finissons à 7-8 km/h selon la topographie des derniers kms.

Bref une magnifique journée de sport et de rencontres très enrichissantes et sympathiques.

Samedi 3 avril 21, de Schüpfen à Bärau im Emmental (juste après Langnau. i. E.) 52 km , environ 8 h, 493 m d’ascension, 373 m de descente.

Après la journée très chaude d’hier, grosse surprise ce matin avec la bise glaciale qui nous a cueilli dès la sortie de l’hôtel. Nous nous habillons d’un coupe-vent, bonnet gants et buff tour de cou. Julia me demande de la prendre plusieurs fois en photo pour son équipementier qui le lui a demandé, pour qu’on voie ses chaussures Saucony. Du fait de s’arrêter de temps en temps notre moyenne est assez basse, autour des 7 km/h. Je perds aussi du temps à consulter Suissemobile sur mon Natel, l’application avec la carte de Suisse et la géolocalisation automatique est bien pratique pour nous situer et savoir qu’elle direction suivre à quelques carrefours sans signalisation en pleine campagne. Comme hier, c’est splendide d’observer les jardins et alentours des maisons avec l’explosion de couleurs dues aux nombreuses fleurs et magnolias, nombreux dans cette région. Des primevères passant du blanc au presque grenat, même violet, en passant par différents jaunes, roses ou même aux couleurs un peu mélangées.

Les jonquilles, narcisses, joncisses, narquilles, ou tous les croisements possibles de formes, de grandeurs, de couleurs. Les muscaris si lumineuses dans leur robes bleues parmi l’herbe rare. Les premières tulipes bien exposées contre des murs de maison...Les hellébores roses, les pervenches blanches, violettes ou bleues, les jaunes petites potentilles qui tapissent le sol, les tout derniers crocus de différentes couleurs... le printemps est un cocktail à nulle autre pareil pour réjouir les personnes les plus ternes et négatives. Ce n’est que pur bonheur pour les yeux, et ce bonheur se dilue de la tête aux pieds !

Et le premier groupe de 3 morilles qui chaque année m’apporte un autre gros moment de bonheur et la certitude que mes yeux sont toujours assez aiguisés pour les débusquer. La connaissance de biotopes favorables m’aide aussi beaucoup, mais ça il ne faut pas trop le dire...

Voyez-vous la 3ème morille ?

Un sandwich acheté dans une boulangerie à Hasle bei Bern nous redonne de l’énergie. Ça nous permet de recourir à une meilleure allure. Certaines fois, la non-envie de manger des barres énergétiques sucrées nous retient de nous ravitailler et c’est clair que le rythme chute. Nous avons le minimum de poids dans notre sac, donc très peu de variations pour nous alimenter en cours de route. Nous faisons un détour sur les flancs de la vallée pour éviter un tronçon de route cantonale bruyant car très fréquenté. Nous avons la chance d’observer un chevreuil. Nous longeons un parcours de golf, un ancien domaine agricole transformé. Plus loin, les 3 morilles découvertes nous font chuter le tempo, car je scrute le sol et ralentis dans l’espoir d’en trouver d’autres. C’est Julia qui finit par me dire d’arrêter de chercher… pour qu’on r’avance plus vite. Nous longeons la rivière Emme, c’est une magnifique partie de notre étape du jour.

Le soleil chauffe rapidement quelques fois et nous ne faisons qu’ouvrir et refermer la veste, enlever ou remettre gants et bonnet selon qu’il brille ou se cache derrière les nuages. A Bärau i. E. nous avons une toute petite chambre pour 134.- la nuit, pas très attractive question rapport qualité-prix. Cela va se confirmer les jours suivants avec des prix moins cher et de bien plus belles et vastes chambres. Mais nous allons au moins bien dormir. C’est déjà ça et c’est le plus important pour une bonne récupération.

Souper de pâtes, lentilles, truite fumée, fromage du coin, orange et yoghourt en dessert, acheté à la Migros de Langnau. Seul un repas à 4 plats pouvait être servi à l’hôtel, pour un prix que nous n’étions pas décidés à mettre. Une belle journée pour les beaux tronçons en forêt et les magnifiques jardins bien fleuris. Que le printemps est rafraichissant pour les yeux, c’est un vrai régal qui ne me laisse pas insensible.

Dimanche 4 avril 21, de Bärau i. E. à Lucerne. (ci-dessus, l’Emmental et l’Entlebuch)

57,1 km aujourd’hui avec 654 m d’ascension et 893 m de descente
7:30 environ, petites pauses comprises.

Bärau est un petit village bernois collé à Langnau en Emmental, où coule la grande Emme. Notre dép-art est relativement tard ce jour, à 9h exactement. Nous avons un peu trop discuté en déjeunant avec l’aubergiste. Nous attaquons directement un rai-dillon qui nous fait prendre une centaine de mètres de dénivelé. Un beau plateau de champs bien verts nous accueille avec quelques fermes. Nous remontons l’Em-mental jusqu’à la frontière avec le canton de Lucerne oû commence l’Entlebuch. La différence se fait remarquer par les salutations différentes. Sur Berne, les Gruessech sont d’usage. (Prononcez Grusseur en français). Sur Lucerne, ce sont les Grüezi, ou Grüezi Mitenand dès qu’il y a 2 personnes ou plus (Bonjour, bonjour vous tous si on traduit en français).

Sinon les paysages sont assez semblables avec de petites montagnes de part et d’autre de la vallée. Puis à mesure qu’on descend L’Entlebuch, une arrière chaîne de montagnes bien plus hautes, encore bien enneigée et avec des parties rocheuses et des à pic, émerge. Arrivés à Entlebuch village après 24 km durant lesquelles notre rythme était régulier, avec de bonnes jambes, nous bifurquons dans l’ascension d’une forte pente de près 260 m de dénivelé pour atteindre le petit col Rengg ou Röngg. Le sandwich volumineux, avalé à l’entrée du village précédent, à Schüpfheim, est en train d’être digéré et ça nous coupe l’élan et le souffle.

La vue est splendide depuis ce petit col, enfin atteint après une partie de la montée faite sur un sentier tendre et agréable, entouré de belles primevères, roses ou jaunes. Je croyais que les primevères roses n’étaient que des fleurs de jardin, trafiquées, mais apparemment elles sont aussi sauvages.

Nous nous renseignons sur les noms des sommets et chaînes alpines qui nous font front, devant une ferme où plusieurs personnes prennent le soleil, et des boissons… autour d’une table. Je ne connais quasiment aucune montagne citée, sauf Le Rigi tout au loin mais reconnaissable à sa forme typique bien pointue et le Pilatus qui ferme la chaîne de montagne avec ses rochers en à pic, et que j’avais reconnu pour l’avoir déjà escaladé en compétition et en promenade. Un chien venu de nulle-part aurait-on cru m’attaque les crocs à l’air bien visibles.

Je crie tout en m’inclinant contre lui pour tenter de le garder un peu à distance. C’est finalement son maître, tranquillement assis dans une chaise longue qui le rappelle assez mollement et félicite son brave chien... C’est presque en criant que je dis Entschuldigung sie mir, (excusez-moi) exprès pour qu’il se rende compte que ce serait à lui de le faire à mon intention ! Les pulsations sont montées en flèche, ça m’a stressé un maximum. Alors tout aussi qu’avant, il me bredouille une excuse.

Suite à une erreur de lecture de carte, nous remontons un nouveau becquet dans les pâturages. Nous faisons ainsi parfois quelques détours. C’est toutefois plus court de passer par ce col et de redescendre cette petite vallée paysanne aux nombreuses fermes isolées que de suivre la vallée principale qui fait un gros coude.

Cela nous permet surtout d’éviter la route cantonale et de profiter de paysages plus naturels, au calme, sans industrie. Ce matin nous avons vu la fabrique de biscuits Kambly à Trubschachen en Emmental et cet après-midi à Malters, à la frontière de l’Entlebuch direction Lucerne, la fabrique de biscuits HUG et Wernli ainsi que Dar Vida. Et nous n’en avons mangé aucun !!! Nous longeons la rivière « Petite Emme », « kleine Emme » de son vrai nom jusqu’à Littau sur une dizaine de kms. Nous traversons alors une partie toute neuve de ce village avec de nombreux nouveaux locatifs et des routes encore bien noires car fraîchement goudronnées. Puis nous nous lais-sons descendre au petit pas de course jusqu’à Lucerne.

Après la prise de chambre et la douche bienfaisante, nous faisons un petit tour dans la vieille ville de Lucerne. Nous empruntons les 2 ponts en bois, dont le plus connu est le Kappellenbrücke, faisons des photos en bons touristes avec les beaux points de vue, les beaux bâtiments et les monta-gnes enneigées au loin en arrière fond.

Notre hôtel n’ayant pas de restaurant, nous faisons nos emplettes pour souper à la Migros de la gare avec des salades diverses toutes prêtes et un plat asiatique à réchauffer. La chambre est 2 fois plus spacieuse que celle de Bärau, moderne, refaite à neuf, comme la salle de bain et le prix est presque de moitié !!! Cherchez l’erreur !!! Il se fait tard, bonne nuit.

Lundi de Pâques 5 avril 21, de Lucerne à Stans, en suivant le bord du lac en incluant la montagne du Bürgenstock

40,3 km, 1015 de montée, 1011 de descente, 10h29 avec beaucoup de pause photos et de discussions avec des gens rencontrés en chemin.

Lucerne, son centre de ville très intéressant et beau. Ses 2 ponts en bois très courus des touristes. Ses nombreux bâtiments très jolis et anciens à l’architecture magnifique. Une belle ville avec une muraille et des tours qui la dominent. Du plaisir à la découvrir en flânant, comme hier soir et ce matin.

Puis départ pour le tour du lac des 4 cantons (LU, NW -OW, Uri, SZ, Vierwaldstätter See en allemand). Un peu après la sortie de Lucerne, un magnifique parc avec une grande demeure qui trône sur une petite colline nous accueille avec un panorama grandiose. En disant à haute voix, « quand même la Suisse est belle », une dame d’une septantaine d’années en-gage spontanément la discussion avec nous. Elle nous explique que cette maison a appartenu au compositeur allemand Richard Wagner (22.05.1813 Leipzig-13.02.1883 Venise, malheureusement actif dans l’antisémitisme) Que c’est le roi Louis II de Bavière qui lui a mis cette maison à disposition de 1866 à 1872. Cette dame connaissait Noiraigue et le Creux-du-Van quand elle nous a demandé d’où on venait. (Wikipédia pour contrôler certaines choses) Les quartiers huppés aux grosses propriétés suivent le bord du lac, qui n’est ensuite plus en libre accès sur une dizaine de kms. De magnifiques séquoias poussent dans quelques jardins ainsi que d’autres arbres majestueux, dont un très gros if qui a bien retenu mon attention, car de si gros ifs sont rares. La vue sur le lac est possible malgré tout et avec les montagnes enneigées au loin, c’est un décor de carte postale.

4 photos de Lucerne, dont le Kapellenbrücke et la maison de Richard Wagner,

et ci-dessus, une partie de la vue dont il pouvait profiter sur les alpes de suisse centrale et le Pilatus.

De Winkel à Herrgiswil, le chemin longe la voie CFF ou la route cantonale, mais on est à nouveau en bordure du lac. À Stansstad, nous prenons une petite route taillée dans la falaise pour pouvoir suivre le bord du lac sur une dizaine de km jusqu’à Keritsen, soit un petit hameau aux maisons éparpillées qui occupe là des prairies bien pentues. À l’extrémité de la route finissant en cul de sac, un funiculaire monte à Burgenstock. On voit les hôtels accrochés sur la ligne de crête, au ras du précipice.

La nuit coûte 1200.- selon nos recherches sur Booking. La vue est imprenable et à 180 degrés. Nous allons non-pas y passer la nuit, mais juste à côté après avoir longé le lac en suivant un mauvais sentier escarpé sur 4 km jusqu’à Untermatt, alpage accessible principalement par le lac pour les gens et par un sentier très raide mais assez bien soigné depuis la ligne de crête en dessus d’Ennetbuergen. De là haut nous suivons un sentier bien entretenu en longeant la crête avec une vue de chaque côté jusqu’au sommet à 1127 m d’altitude où se trouve le restaurant de Hammetschwand, lieu-dit de ce coin de montagne d’où la vue est à 360 degrés. Nous pouvons voir plusieurs lacs, Sempachersee, Halwillersee, Baldeggersee, Zugersee, Alpnachersee, Sarnensee et évidemment le lac des 4 cantons.

Les sommets du centre de la Suisse, plus le Rigi, le Pilatus, la ville de Lucerne et tant d’autres villages. Le village Burgenstock n’est pas joli, c’est beaucoup de gros bâtiments assez cubiques mais la plupart sont construits en bordure du vide en face de Lucerne et de la rive du lac. Pour la vue. Nous nous dirigeons vers notre fin d’étape située à Stans par de petits sentiers dans les pâturages et en forêt. Nous faisons la rencontre d’un « prof », peut-être chasseur vu le chien qui l’accompagne, qui nous décrit sa région. Nous bavardons ainsi sur les 3 kms nous séparant de Stans où nous attend notre souper. Une assiette à 35.- pour moi avec quelques petites pommes-de-terre en robe des champs et 3 morceaux de viande de chèvre où les os sont plus volumineux que la chair à manger, accompagné d’un petit tiers d’artichaut. À la question du restaurateur, de savoir si ça va, je ne peux m’empêcher de dire oui... mais il y a très peu... Il me propose une petite pizza ou un petit supplément, j’opte pour la petite pizza... La météo du jour était très fraîche jusqu’à midi. Puis quelques heures de soleil nous ont permis d’enlever une couche avant que vers 18:30 le vent se lève et détériore le temps avec la pluie.

(La copie du texte du natel au PC a créé quelques problème. Désolé pour la mise en page)


De G-à D, direction Brunnen, sentier du Bürgenstock, Weggis, sentier suspendu hors d’usage.

Les gros hôtels du Bürgenstock à ras la falaise qui se trouve derrière eux. Voyez la petite ferme au premier plan pour comparer.

Mardi 6 avril de Stans à Flüelen, 41,4 km, 1120 m d’ascension, 1130 m de descente, env. 5h30

Quelle mauvaise surprise ce matin en nous réveillant de voir la neige fraîche sur les toits et les trottoirs !. Je pensais avoir pris mon survêtement de pluie pour les jambes et ne le trouve pas dans mon sac plastique contenant mes habits.

Je sors en short et avec mes bas de compression, que j’avais heureusement emporté mais il fait encore – 2 degrés. Les trottoirs sont verglacés. Donc le froid remonte sous mon short, c’est assez juste pour ne pas geler sur place. Le pas de course est obligatoire pour que cela devienne plus supportable, l’effort physique étant un bon moyen de se réchauffer. Il nous faut trouver une boulangerie pour que l’on puisse déjeuner, le resto n’offrant pas cette possibilité. C’est un Denner qui va nous dépanner car nous n’avons rien trouvé d’autre dans la direction de notre début d’étape journalière. En ressortant du magasin, j’ai l’impression d’être à poil car j’ai froid. Le petit vent nous transperce. Heureusement, le fait de courir nous réchauffe rapidement, puis le soleil daigne se montrer et il participe activement au retour du bien-être. Avec ce paysage enneigé, nous perdons du temps à prendre des photos car il faut bien dire que c’est très beau. Chaque arrêt nous refroidit, alors nous nous remettons à courir.

À Buochs, nous pouvons enfin trouver un café chaud dans une boulangerie, quel bien il nous fait ! Nous avançons bien jusqu’après Beckenried sur la route longeant le lac. Puis nous commençons à marcher sur des sentiers bien enneigés pour les prochains 18 kilomètres. Jusqu’à 15 cm autour des 800 m d’altitude que nous atteignons pour contourner un éboulement de montagne qui finit dans le lac. Avec nos chaussures de course pour la route, avec un profil minimum pas adapté aux conditions hivernales et au terrain gras, nous glissons et chutons quelques fois. Surtout dans les passages des champs, en descente. Le sentier ne suit pas toujours le bord du lac en raison de falaises ou d’éboulements.

Il faut parfois remonter de 300-400 m de dénivelé pour les contourner. Nous passons à Treib, où un petit port permet d’accoster aux bateaux de ligne du lac des 4 Cantons. Puis nous atteignons la prairie du Grütli, Rütli en allemand, là où le premier serment fondateur de la Suisse a été fait en 1291 entre les cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald. C’est vraiment une petite prairie, avec un restaurant ouvert durant l’été, desservi par bateau uniquement en été. Un chemin carrossable dessert le lieu, mais il est interdit à la circulation.

Du Grütli une montée nous mène jusqu’à Seelisberg. Nous voyons notre but du jour à 2-3 km à vol d’oiseau mais il y en a encore plus de 12 à parcourir avec les contours dus à la topographie. Quelques kms après Seelisberg, où plusieurs personnes n’ont pas répondus à nos Grüezi, une descen-te nous conduit à nouveau au niveau du lac, à Bauen.

Beaucoup de marches d’escaliers assez agréables à descendre facilite la progression sur ce terrain humide et glissant. Marches fabriquées à l’aide de gros pavés. Quelques galeries de l’ancienne route font office de chemin pédestre entre Bauen et Isleten. Le chemin est au plus près du lac coincé entre la route et le lac. Des sculptures de bois assez grossières occupent les percées de cette galerie pour y amener du jour. Nous prenons des photos d’un tableau explicatif sur le lac, de ses mesures diverses et des poissons qui le peuplent. Il se remet à neigeoter alors que nous arrivons à Flüelen.

Et en déballant le contenu de mon sac pour en sortir mes habits du soir, je trouve mon survêtement pour les jambes. J’aurais pu avoir nettement moins froid. Le soir, nous avons le plaisir de très bien manger au resto de notre hôtel. Le patron étant lui-même un ultra-traileur de haut niveau, les discussions embellissent la soirée puisque nous nous trouvons sur la même longueur d’onde. La course-à-pied rapproche les gens !

Retour en force de l’hiver durant la nuit de lundi à mardi, puis de mercredi à jeudi

Mercredi 7 avril, de Flüelen à Weggis, 41.2 km, 552 m d’ascension, 555 m de descente, environ 6 h avec les pauses photos et café, etc.

Après une soirée très sympathique avec les hôteliers restaurateurs de la guesthouse et l’excellent repas (tapas grancanarien en entrée, joue de bœuf accompagné de 8 légumes et de purée de pdt maison, de mousse de cacahuètes et coco au dessert, arrosé comme il se doit) le réveil a été un peu brutal avec la tempête de neige. Mais le petit déjeuner a prolongé les réjouissances du soir avant car il était très bon et super bien présenté, comme le souper l’avait été.

Mais il a bien fallu se décider à affronter le vent de face et les flocons de neige à l’horizontale... pas très agréable pour se mettre dans le bain de nos 40 km à parcourir. N’étant pas équipés avec nos chaussures de route pour s’attaquer aux sentiers encore davantage enneigés qu’hier, nous prenons l’option de suivre la piste cyclable. Elle suit le bord du lac, parfois à quelques mètres du bord, parfois à une cinquantaine de mètres ou plus au-dessus, mais jamais trop loin car le lac va rester toute la journée à portée de vue proche. Heureusement, le temps va parfois nous offrir un timide rayon de soleil. Cela nous permet de nous découvrir un peu de temps en temps. En effet, le bonnet et le buff sont encore couverts par le capuchon du coupe-vent imperméable. Les mains gantées à l’intérieur du bas des manches. Le survêtement imperméable est aujourd’hui de rigueur pour cacher les genoux qui seraient sinon à l’air. C’est l’hiver revenu en force. Aujourd’hui, pas envie de marcher, les rares pauses nous refroidissent très vite. Donc nous courons. Hier dans la neige nous étions obligés de marcher car nous glissions et chutions dans les parties de prairie.

Aujourd’hui, nous pouvons les éviter et c’est notre choix. Nous ne voulons pas faire pas d’excès de zèle. Notre zèle, s’il existe, est de courir au lieu de prendre les transports publics. Nous avons un but, faire ce tour du lac des 4 cantons à pied, marche ou course selon affinités et plus (seulement courir) si entente parfaite... mais la météo ne veut pas nous aider. Arrivés un peu trop tôt à Weggis à notre goût, vu que par la route c’est bien plus court et facile que par les sentiers, nous repartons pour un tour dans la montagne par de petites routes dégagées de neige. Finalement, nous faisons nos kms planifiés. On reste toujours avec nos qualités ou nos défauts. On ne se refait pas... Le tour du lac est très compliqué avec ses nombreux bras et on perd facilement le nord. Sur un tableau explicatif, il est dit qu’il y a 29 sortes de poissons qui habitent le lac. Le point le plus bas est de 214 m, au large de Gersau. Le niveau est à 434 m d’altitude pour 129 km de pourtour, soit 114 km carrés. Le bassin d’alimentation est de 2124 km carrés. 4 rivières principales amènent l’eau au lac : la Reuss, la Muota, l’Engelberger Aa, la Sarner Aa. L’eau se renouvelle en 3-4 ans. Le débit moyen de sortie par la Reuss est de 109 m3/seconde. La Reuss, prend sa source principale au sud-est du col de la Furka (Furkareuss). La 2ème source plus importante se situe à l’ouest du Col du Gotthard, (Gotthardreuss). La Reuss est le 4ème plus gros cours d’eau de Suisse après le Rhin, l’Aar et le Rhône question longueur. La Reuss finit sa course de 159 km de long dans l’Aar à Gebenstorf-Trugi près de Brugg, puis dans le Rhin pour finir par alimenter la mer du Nord.

Les voyages à pied me donnent toujours envie de connaître les histoires diverses de géographies, de l’histoire générale, des faits divers importants. D’être sur place aide à situer les choses. Je passe du temps aussi à étudier les cartes topographiques car j’aime me rendre compte des proximités avec les régions avoisinantes. En général, derrière un col, un sommet ou une chaîne de montagne, une région différente prend place mais est beaucoup moins éloignée qu’on pourrait le croire. Pourtant il y a parfois des différences notoires, que ce soit avec la manière de dire bonjour ( Gruesser ou Grüezi) la religion dominante (réformé ou catholique) le patois suisse allemand très différent (le haut-Valaisan avec le Bernois ou Uranais ou le patois tessinois, italophone) dans une région où ces 4 langues de 4 cantons distincts malgré leur rapprochement géographique mais difficile d’accès entre eux si on excepte les cols routiers.

Notre périple nous a déjà fait parcourir 300 km en 6 jours tout en ayant le temps de le prendre pour discuter avec d’autres randonneurs ou coureurs, des gens du coin, pour prendre des photos et observer la nature, l’environnement, des oiseaux ou des bêtes. J’ai été étonné de constater qu’il y avait des vignes autour du lac dans la région lucernoise. Qu’il y avait beaucoup de palmiers également dans cette même région et des figuiers un peu tout le tour du lac, avec encore des figues sur les branches. La topographie est très compliquée pour se rendre avec un véhicule d’un village à un autre parfois très proche, car les pentes des montagnes faisant rives sont si abruptes qu’il n’y a pas de route. C’est le cas pour se rendre à Seelisberg depuis Bauen, distant à vol d’oiseau de 5-6 km. Il faut d’abord se rendre de Bauen à Flüelen dans la direction opposée à 10 km pour prendre l’autoroute, faire chemin inverse et emprunter le tunnel du Seelisberg, sortir à Beckenried et revenir en arrière par la route cantonale qui serpente jusqu’à Emmetten et de là à Seelisberg. 36 km de trajet. En courant ça ne prend pas beaucoup plus de temps pour un bon coureur. Et si vous ne pouvez pas prendre l’autoroute car vous êtes à vélo, il faut parcourir la rive opposée du lac, prendre un bateau à Brunnen, traverser le lac jusqu’à Beckenried et escalader la montée jusqu’à Seelisberg ou alors prendre le funiculaire depuis Treib port, autre halte du bateau. À chaque fois une aventure car si les vagues sont trop fortes, peut-être que le bateau ne naviguera pas !!! Dans ce cas il vous faut faire le tour du lac de 129 km... ou presque !!! Bonne nuit, ça donne à rêver tout ça !!!

Jeudi 8 avril, Weggis-Lucerne, 31,5 km, 593 m de montée, 576 m de descente, environ 5 h, pauses comprises.

Après un bon départ à la course, avec quelques petites pauses photos ou d’observations diverses, nous connaissons un coup de mou depuis Küssnacht au bout d’un bras du lac. Dès lors, nous nous mettons surtout à marcher, avec quelques essais de pas de course qui ne durent jamais très longtemps. Le sentier ne longe plus le bord du lac, mais fait des détours parmi la campagne, à travers les champs et forêts. C’est joli, nous constatons que les parties ombragées sont encore bien couvertes de neige de ces derniers jours, que ça n’a pas pas fondu et qu’il y a même des zones gelées. Après une petite dizaine de km depuis Küssnacht, nous retrouvons les bords du lac à Meggen pour les quelques kilomètres restants jusqu’à Lucerne. Sur les murs de pierres naturelles, nous observons plusieurs lézards qui se réchauffent au soleil. Dès le début de la ville, le nombre de personnes est important sur les quais longeant le lac. Il fait beau mais toujours avec un vent assez froid qui n’incite pas trop à se dévêtir. Nous profitons une dernière fois d’observer les beaux bâtiments, les bateaux, le lac, les montagnes blanches au fond de notre horizon, ce décor vraiment magnifique. Puis nous nous engouffrons dans la gare, à la recherche de quoi manger du chaud… que l’on va manger assis au froid, sur un banc en bordure du lac. Un repas asiatique. Avant de retourner prendre le train, s’endormir au rythme calmant du train…

Total de notre petite virée à pied : 335.56 km

Dénivelé de montée : 4795 m
Dénivelé de descente : 5092 m, soit 297 m de différence entre l’ascension et la descente.

Différence d’altitude de Noiraigue à 720 m et de Lucerne, niveau du lac à 434 m : 286 m. Donc quelques 11 m de différence… le gps est quand même assez précis. Il suffit que j’aie arrêté une fois ou l’autre mon gps à l’étage d’un hôtel et non à l’entrée, où je le remets en fonction le jour suivant, et la petite différence peut s’expliquer.

mon stetching :

Et voyez-vous ça, je fais même un peu de stretching à la fin de notre tour, hahaha. 11 avril 2021, CFA.