U2B 2021

17 au 18 juillet 21, Ultra Boucle des Ballons, U2B, 208 km, 5000 m D+

Au départ de Münster, en Alsace, à 5h30 du matin ce samedi matin 17 juillet., nous sommes une cinquantaine à se lancer le défi de cette boucle de 208 km avec 5000 m de D+ et D-. Le sens du parcours a été inversé cette année et cela commence donc par la montée du Petit-Ballon, assez raide. Reposé par une première semaine de vacances où nous avons fait seulement quelques randonnées mais aucune sortie de course à pied. Les montées de plus de 1200 m de D+ sac au dos m'ont convenu et je me sens en grande forme. Selon Julia, cela peut être dangereux... attention à ne pas partir trop vite. Revenons à Münster, effectivement, je me sens en bonne forme dans la 1ère montée du Petit-Ballon et je laisse dérouler dans la descente avec des tronçons à plus de 13 km/h. J'attaque la 2ème grosse ascension dès le 21ème km du Platzerwiesel avec la même énergie, qui me semble pouvoir être longtemps tenue. Je suis sauf erreur à la 5ème place au sommet autour du 33ème km vers le monument des chiens. Un concurrent à l'air en difficulté quelques centaines de mètres plus loin. Je le verrai dans une auto au 39ème km, alors qu'il a abandonné. Pour ma part, David, avec qui j'étais au début de course me rattrape au Markstein au 35ème, je reste un peu avec lui, mais il va un peu trop vite pour moi. Les 20 ans de moins qu'il a sont en sa faveur pour être plus frais et mieux enchaîné. Je reste dans son sillage sur plusieurs km. Au 39ème, une forte contracture au quadriceps gauche me fait souci. Le muscle est devenu dur très subitement. Je bois davantage, je n'en avais pas trop envie dans la fraîcheur du matin et le brouillard régnant par endroit. Je sors aussi ma salière et lèche 2 bonnes fois ma main dans laquelle j'ai mis du sel. Une pastille de magnésium complète cette agape de secours. J'arrive malgré la contracture, courir à 9 km/h, en légère montée jusqu'au sommet du Grand-Ballon. Je ne m'attarde jamais longtemps au ravitaillement, Guillaume Renard m'a rattrapé juste avant, il est toujours au ravito et je repars avant lui, ayant juste refait le plein des gourdes. Il va me rattraper 2 kms plus loin. Dans la petite remontée depuis le Col Amic pour aller au Hartmannswilerkopf, au col du Sllberloch, j'aperçois Julia, que j'estime à 6 - 7 minutes derrière moi. Je ne m'excite pas et pense qu'elle risque bien de me rattraper. Je descends à ma main, sans trop tirer. Peu avant le bas de la descente, à Uffholtz au km 64, je sens que la chaleur est montée à un niveau que je redoute. Je me ravitaille rapidement, je repars avant Guillaume qui est encore là. Et la chaleur est rapidement étouffante en plaine. Sur le plat nous menant à Vieux-Thann, je bois déjà un peu trop si je pense que j'ai 2 gourdes, soit 1.5 litres pour tenir jusqu'à Bourbach le Haut, au 85ème km. Et il y a un petit col à passer avant depuis Bitschwiller lès Thann. Un petit arrêt WC me fait directement perdre contact avec Guillaume qui vient de me rattraper. Dans les méandres du parcours à travers Vieux-Thann et Thann, je ne parviens plus ensuite à l'apercevoir. Je m'arrose la tête dans un filet d'eau coulant des vignes, une petite source me rafraîchit bien. A Thann, je m'achète 2 cocas de 0.5 l dans un kiosque à journaux. J'en bois un directement et transvase le second dans une gourde vide. Julia arrive à ce moment. Je m'accroche pour rester dans sa foulée à une vingtaine de mètres et reviens sur elle. A la sortie de Bietschwiller, Christophe Henriet, l'organisateur nous demande, depuis son auto si nous avons besoin de quelque chose. Je lui réclame une gourde de coca... Julia de l'eau. Je n'arrête pas de boire, je transpire énormément, j'ai de la peine à manger avec cette chaleur à laquelle cette année, nous ne sommes pas habitués. Julia entame la montée un peu plus vite que moi, nous voyons Guillaume un peu devant et il s'accroche à Julia mais il va céder. D'un coup, je le revois et il vient de derrière... il s'était arrêté dans la montée, il n'a pas l'air au mieux. Il va s'arrêter plusieurs fois, à chaque fois je le redépasse. Je vais arriver avant lui à Bourbach le Haut, au prochain ravito. Au moment où j'en repars, il arrive. Julia est partie environ 10 minutes avant moi. Je vais encore souffrir du chaud dans le long faux plat à partir de Masevaux jusqu'à Seewen, au pied du Ballon d'Alsace. A Masevaux, je bois de l'eau légèrement gazeuse offerte par Luc Valzer, qui se rend au départ de son relais qu'il devra prendre à mi-parcours, à Pont-sur-l'Alfeld, au km 104, dans le début de la montée du Ballon d'Alsace, que j'atteins en 12h04. Mais peu avant, souffrant de mon pied droit principalement qui s'enflamme comme toujours au niveau du Morton, j'ai changé de semelles, espérant une amélioration avec une simple semelle sur laquelle j'ai collé une pelote plantaire. Cela va me soulager momentanément, mais à l'attaque des premières pentes après Seewen, soit une bonne heure après mon changement de semelles, la brûlure revient et plus forte encore. Guillaume Laroche me rattrape, un ancien coureur de l'équipe de France du 24h, que je connais un peu pour l'avoir déjà vu aux mondiaux des 24 h. Il arrive peu avant moi à mi-parcours. Là je rechange mes semelles, un peu dépité de ces douleurs qui me freinent car je ne sais pas trop comment poser mon pied pour qu'il ne s'enflamme pas trop. Mes semelles orthopédiques avec la pelote me conviennent un peu mieux semble-t-il. Il me faut 8 minutes, je repars à 12h12, quelques secondes avant Luc qui vient de recevoir le témoin de sa relayeuse mais qui ne fait pas long pour me rattraper et me laisser sur place... je ne vais pas pouvoir m'accrocher à lui, il est frais. Guillaume Laroche me rattrape plus haut, en fin de montée. Il a fait une petite pause à mi-parcours. Je suis monté lesté que d'une gourde, pour ne pas devoir tirer trop de poids. Mais ma gourde est quasi vide au passage du sommet du Ballon d''Alsace. Il est aux alentours de 19h15. Heureusement, un bar-restau est encore ouvert, le barman me remplit mes gourdes d'eau à ma demande. Il me souhaite bonne route...je lui en suis très reconnaissant, je bois à mon envie et relativement beaucoup jusqu'à St-Maurice sur Moselle, au bas du Ballon d'Alsace. Bussang et le prochain ravitaillement suivent 4 km plus loin et là, je m'équipe pour la nuit. Je perds passablement de temps, une vingtaine de minute à prendre mon gilet, ma frontale, à changer de chaussures, mettre les bonnes semelles à l'intérieur, manger en même temps, tenter de lacer mes chaussures, assis sur une chaise, avec ma souplesse légendaire... je vais être aidé pour cela... merci les ravitailleurs. Je repars juste derrière Guillaume Laroche, que j'ai retrouvé là. Je venais de m'être arrêté pour un 2ème arrêt WC juste avant le ravito, cela veut dire qu'il n'a pas avancé très vite dans la descente ou qu'il s'est arrêté à nouveau assez longtemps. Cela me laisse de l'espoir de rester à son contact. La montée du Col du Page n'est pas très longue, mais elle me semble interminable dans sa partie supérieure, un long faux plat de 2 ou 3 km. La nuit tombe, j'enfile mon gilet, que ne n'ai pas voulu enfiler avant la montée pour ne pas trop transpirer. Je fais cela en courant, en portant le sac par les dents. Cela me fait un peu ralentir, mais je reste avec l'idée de perdre le moins de temps possible. Le rythme a bien chuté, j'ai de la peine à courir quand ça monte, c'est un style qui n'est ni de la marche ni de la course, un mélange des deux, à la manière d'un singe avec un grand balancement des bras. La descente est assez raide, enfin, c'est l'impression que j'avais l'an passé quand nous faisions le tour dans l'autre sens, donc à la montée. Mais je n'arrive pas vraiment à me lâcher, je ne vais pas très vite pour autant. Nous longeons ensuite le lac artificiel formé par les eaux de la rivière Thur, entre Kruth, et Wildenstein. Cela me semble interminable, car mon rythme est lent et il fait nuit noire. Je demande à un jeune couple qui marche si c'est bien la route qui mène à Wildenstein. Je me demande si je ne me suis pas trompé quelque part. Heureusement, le ravitaillement est atteint quelques dix minutes plus tard. Guillaume Laroche est là. Je fais assez rapidement le plein de mes gourdes, je prends un gobelet de pâtes que je mange en marchant et repars peu après Guillaume, pressé de me laisser derrière lui, je crois. La montée du Col du Bramont est assez raide, j'essaye de marcher le plus vite possible. Trois autos font du rallye à la descente, je les entends venir et tremble de les voir arriver. Je me mets côté montagne pour ne pas être de leur côté de route. Je vais les voir défiler à toute allure, j'entends les crissements de pneus dans les épingles à cheveux qui suivent plus bas. Je m'attends presque à entendre un immense crash... d'autres coureurs vont faire la même expérience plusieurs heures plus tard, ce qui veut dire que ces chauffards font des aller-retours sur ce col durant la nuit... car il est déjà autour des 2 h du matin environ. Michael Misteli me rattrape dans la petite descente après le Bramont, juste avant d'attaquer la route des Américains qui monte sur la route des Crêtes. Il fait la U2B en 2ème relayeur, ils sont 2èmes en relais, mixte, comme le seront les 3 premières équipes, toutes composées d'abord de la coureuse, puis du coureur. Je croise le regard brillant d'un cerf, qui broute juste au-dessus de la route, peu avant d'atteindre le haut de l'ascension. A la sortie de Wildenstein, c'était le regard brillant d'un renard qui m'a fait que je l'ai vu entier dans le faisceau de ma frontale. Un tronçon de plats et de faux plats légèrement montants, descendants remontants, se succèdent. Vers le Rainkopf, j'ai subitement de très fortes douleurs dans le tibia de la jambe gauche. La pose du pied me fait très mal. Je me mets à boiter lourdement, je fais quelques pas en marchant, je jure un peu inévitablement, et ça disparaît aussi mystérieusement que c'était arrivé. La montée au sommet du Hohneck finit par arriver, je croise Michael qui finit sa descente alors que je l'entame. C'est un aller-retour de 3 km au total, mais ça monte bien. Le brouillard est si épais que je ne vois même pas les bords de la route si le grimpe en son milieu. Il fait très très humide. J'arrive au ravitaillement, mais il faut d'abord aller au sommet, accompagné par un ravitailleur. Je me dépêche de faire le plein, de prendre un peu à manger et de reprendre des gels et poudre hypotonique dans mon drop-bag. J'ai déposé un drop-bag pour les ravitaillements des kms 40, 80, 120, 160. Avec 2-3 gels, une barre énergétique et de la poudre hypotonique Hammer. Je vais quand même une fois ou l'autre manger autre chose, dont des pâtes ou des pommes de terre en robe des champs, du chocolat ou des biscuits salés ou sucrés.

Ayant croisé Guillaume Laroche en milieu de descente alors que je montais, il a environ 20 minutes d'avance sur moi. Il me faut 29 minutes exactement pour l'aller-retour au sommet du Hohneck. J'ai l'espoir de revenir. Quand j'arrive tout proche du bas, je croise Guillaume Renard suivi de Qi Ray. Cela signifie que j'ai environ 30 minutes d'avance sur eux. J'ai plus de 1h30 de retard sur Julia au Hohneck. Je n'arrive pas à retrouver un vrai rythme à partir de la Schlucht et la longue montée qui suit jusqu'au Gazon du Faing, sur 9 km environ. Je croyais que c'était quasi plat, je me suis trompé... la moindre pente, en étant fatigué, devient difficile et semble bien plus raide. Je cogite dans ma tête et me dis que je vais être rattrapé au Col du Calvaire, station du Lac Blanc, si je continue à mon petit 6 km/h et que les 2 poursuivants, Guillaume et Qi font du 8 km/h. Et c'est exactement ce qui se produit, à 500 m près. La descente qui suit jusqu'au ravitaillement du Lac Noir ne me permet pas de revenir ni même de les voir. Je bois, je remplis vite une gourde, l'autre étant encore pleine, un peu de chocolat, une madeleine, je repars. Dans la montée du Col du Linge, 5 km, je maintiens toujours mon rythme qui oscille entre le 5,5 et le 6 km/h. Je calcule qu'à ce rythme, j'en ai encore pour 2 heures pour la descente et je n'en ai vraiment pas envie. J'en ai un peu marre de me traîner. J'essaie d'accélérer quand le 3ème relayeur me dépasse à un peu moins de 2 km du Col du Linge. Depuis là, j'accèlère continuellement pour atteindre du 12 km/h pour certains km, que je contrôle sur mon GPS Suunto, qui vibre à chaque km, avec le temps effectué. Je fais un ultime arrêt WC à moins de 2 km de l'arrivée, ça ne va pas aller pour tenir jusque-là. Je vais perdre moins de 2 minutes, mais je vais louper de voir Julia devant moi, dans le dernier tronçon où l'on peut voir 2-3 minutes devant soi. Je force bien jusqu'à l'arrivée pour arriver le plus vite possible et tenant compte de la demi-heure de plus pour monter au Hohneck par rapport à l'an passé, j'aimerais finir avec moins de 30 minutes de plus. J'y arrive en 28h43.57, à quelques secondes près... Julia est assise dans un fauteuil de camping et me dit qu'elle vient d'arriver. J'ai de la peine à y croire, mais c'est vrai. Elle a eu de gros problèmes pour s'alimenter sur les derniers 60 kms, qu'elle a presque tout fait en marchant. En vomissant plusieurs fois. Elle a juste accéléré à l'approche de l'arrivée, pensant me voir revenir. Mon arrêt WC, m'a bel et bien coûté l'éventualité de finir avec elle ou de la battre au sprint.... hahaha... C'est ainsi entre nous, et nous en rions les 2. La Course est La Course ! Très belle compétition, super bien organisée par Christophe Henriet et son équipe, avec des ravitailleurs à notre écoute, prêts à nous aider et qui le font volontiers réellement, qui nous encouragent. Le parcours est dur mais de toute beauté. Il est plus dur dans ce sens car nous abordons la plaine en pleine journée alors que dans l'autre sens, nous sommes en pleine journée quelques kms seulement à 600 m d'altitude au minimum. Dans le sens de 2021, nous avons une quarantaine de km en étant bien plus bas, aux alentours de 300-400 m d'altitude. De plus, l'ascension du Petit-Ballon est d'entrée raide, puis nous attaquons la première descente en étant trop frais et à mon avis trop vite, ce qui nous coûte des douleurs musculaires à plusieurs, après une trentaine de km. Depuis le Hohneck, les 48 derniers kms ont l'air facile mais les montées qui suivent la Schlucht et le Col du Linge sont tout aussi pénibles qu'une franche montée. C'est ce qui ressortaient des dires de plusieurs coureurs après la course, et c'est vraiment ce que je pense aussi. Même si je me réjouissais de le faire dans ce sens et de vivre cette boucle différemment. Au final, je finis 8ème, en 28h43.57, premier des plus de 60 ans. (Au Chrono officiel, 28h44.36 et j'aimerais bien savoir d'où tombent les 39 secondes de différences avec mon chrono. Le même problème est survenu après le Hard 100, sur les résultats officiels, j'avais quasiment 1 minutes de plus.... Je ne sais pas si cela vient de mon chrono ou du temps officiel). Je ne suis pas très loin des 2 Guillaume que j'ai vu plusieurs fois dans la course, de Qi revenu sur la fin et David, qui finit 3ème est à seulement 1 h 10 devant moi. Hormis Philippe Verdier, magnifique 2ème, né en 1962, tous les autres coureurs sont plus jeunes que moi entre 12 ans et demi et 30 ans. Difficile de lutter contre des gars si jeunes, Julia étant celle qui a 12,5 ans de moins. Julia finit 1ère et unique femme en 28h41.21, toutes les autres ayant abandonné.

50 % d'abandons sur l'ensemble des coureurs. Cela montre la difficulté de l'épreuve, mais je dirais la difficulté de supporter le chaud en faisant de l'ultra, car cela provoque des dérangements stomacaux à de nombreux coureurs et sans manger sur un ultra... cela devient très compliqué, car on finit par manquer de force. Les résultats : https://statistik.d-u-v.org/getresultevent.php?event=70704